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Religion de Nostradamus : Visions et Inquisition

Introduction

Interrogatoire de Nostradamus par l'Inquisition au XVIe siècle

Le nom de Nostradamus évoque immanquablement une aura de mystère et de fascination. Célèbre pour ses prophéties souvent cryptiques, il a été à la fois vénéré comme un sage et critiqué comme un charlatan. Mais au-delà de ces visions de l'avenir, quelle est la source de ses inspirations ? Était-ce la lumière divine ou les ombres diaboliques qui le guidaient ? Cet article tente de lever le voile sur ce puzzle en explorant la thèse de Yahn Amar.

Yahn Amar propose une interprétation audacieuse qui met en relation deux passages spécifiques des écrits de Nostradamus pour éclairer la nature de ses visions. En examinant ces textes de manière comparative, Amar nous ouvre la porte à de nouvelles perspectives sur le mystérieux "troisième élément" que Nostradamus mentionne dans ses écrits. Cette thèse ajoute non seulement une nouvelle couche de complexité à notre compréhension de Nostradamus, mais elle pourrait également fournir des indices sur les raisons pour lesquelles il a choisi de coder ses prophéties.

Contexte Historique

Le XVIe siècle était une période de bouleversements religieux sans précédent. L'émergence de la Réforme protestante, menée par des figures comme Martin Luther et Jean Calvin, a défié l'autorité de l'Église catholique et a plongé l'Europe dans une série de conflits religieux. Dans ce contexte, l'Inquisition a pris une nouvelle vigueur, persécutant quiconque osait remettre en question les doctrines établies. C'était une époque où la frontière entre la science, la religion et l'occultisme était floue, et où les gens étaient à la recherche d'un sens spirituel qui allait au-delà des dogmes traditionnels.

Des figures comme Giordano Bruno, qui a tenté de réconcilier science et spiritualité, et Érasme de Rotterdam, un érudit humaniste, ont également marqué cette période. L'astrologie, l'alchimie et d'autres formes d'arts divinatoires étaient à la fois respectées et redoutées. Nostradamus lui-même était un produit de cette époque complexe, et ses écrits doivent être compris dans le cadre de ces courants spirituels et intellectuels contradictoires.

Le mystère des visions de Nostradamus : Lumière divine ou ombres diaboliques ?

Nostradamus pratiquant la magie

Les passages clés

Deux passages des écrits de Nostradamus retiennent particulièrement l'attention dans notre quête pour comprendre les sources de ses visions. Le premier est le LC016 qui parle des "œuvres divines" et du mystérieux "troisième, les mauvais". Le second, LH032, évoque des visions "obnubilées" et des événements calamiteux annoncés par "les principaux culteurs" des temples de Dieu et d'autres forces terrestres.

   LC016   ?
Car les œuvres divines, que tellement sont absolues, Dieu les vient parachever: la troisième, les mauvais.
x LC016
Car les œuvres divines, qui sont complètement parfaites, sont achevées par Dieu : le troisième élément, les mauvais.
   LH032   ?
tellement que voyant comme dans un miroir ardent, comme par vision obnubilée, les grands événements tristes, prodigieux, et calamiteuses aventures qui s'approchent par les, principaux culteurs. Premierement des temples de Dieu, secondement par ceux qui sont terrestrement soutenus s'approcher telle decadence, auecques mille autres calamiteuses aventures, que par le cours du temps on cognoistra aduenir.
x LH032
Tant et si bien qu'en voyant comme dans un miroir ardent, à travers une vision obscurcie, les grands événements tragiques, prodigieux et catastrophiques qui s'approchent, amenés par les principaux fidèles. Premierement des sanctuaires de Dieu, et secondement par ceux qui sont soutenus par des moyens terrestres, approchant ainsi la décadence, ainsi que mille autres calamités qui, avec le temps, seront reconnues comme à venir.

La théorie de Yahn Amar

Yahn Amar propose une interprétation audacieuse de ces passages. Selon lui, le "troisième, les mauvais" pourrait être la clé de voûte reliant ces deux textes. Cette thèse nous offre une nouvelle perspective pour comprendre pourquoi Nostradamus a choisi de coder ses visions et quelles pourraient être les sources réelles ou imaginaires de ses prophéties.

On pourrait être tenté de penser que ce "premier" et "deuxième" élément n'ont rien à voir avec le "troisième" mentionné dans le passage C016, surtout parce qu'ils proviennent de deux lettres différentes : la Lettre à Henri II et la Lettre à César. Cependant, il est important de noter que ces deux lettres sont toutes deux jointes aux prophéties de Nostradamus et qu'il n'y a pas d'autres "premier" et "deuxième" éléments qui pourraient être associés à ce "troisième les mauvais". Par déduction, il semble évident qu'il s'agit de la même idée en filigrane dans les deux textes.

Le concept du "troisième, les mauvais" est particulièrement intrigant. Nostradamus évoque ici un élément qui va au-delà de la simple dualité du bien et du mal, du divin et du terrestre. Cette notion pourrait avoir des implications profondes, non seulement pour comprendre les motivations de Nostradamus, mais aussi pour éclairer la nature de ses sources visionnaires. Était-il en contact avec des forces que l'église de son époque aurait considérées comme hérétiques ou diaboliques? Ou s'agit-il d'une métaphore pour exprimer un état d'âme ou une condition humaine que nous ne comprenons pas encore complètement?

La Religion et l'Édit de Compiègne

Contexte de l'Édit de Compiègne de 1558

Édit de Compiègne de 1558

L'Édit de Compiègne, publié en 1558, a marqué un tournant crucial dans la répression contre les protestants en France, les condamnant à la peine capitale. Cet édit est intervenu dans un climat de tensions religieuses croissantes et a contribué à polariser davantage la société française sur des questions de foi.

L'impact sur les écrits de Nostradamus

Ce contexte de répression religieuse a eu un impact significatif sur les écrits de Nostradamus. Le fait que 58 quatrains aient été omis de la 7ème Centurie dans la seconde édition des Centuries semble indiquer une autocensure, probablement de la part de l'éditeur, pour éviter des complications avec l'Inquisition. L'escalade de la crise culminera plus tard dans le massacre de la Saint-Barthélemy en 1572.

Les deux confrontations avec l'Inquisition

Nostradamus a eu deux rencontres notables avec l'Inquisition. La première était en raison de ses relations avec des personnalités protestantes comme Scaliger. La seconde fois, il a été interrogé sur des commentaires qu'il aurait faits concernant une statue de la Vierge Marie. Ces rencontres avec l'Inquisition ne furent pas anodines et révèlent la tension constante entre la liberté d'expression et les limites imposées par l'Église.

Implications pour sa spiritualité et ses croyances

Ces confrontations avec l'Inquisition jettent une lumière nouvelle sur la spiritualité complexe de Nostradamus. Elles soulèvent la question de savoir si, derrière l'homme public qui faisait preuve de prudence, se cachait un dissident spirituel, voire un hérétique. Ces interactions avec les autorités ecclésiastiques nous incitent à réévaluer l'étendue des croyances et des connaissances de Nostradamus, qui semblent aller au-delà des dogmes acceptés de l'époque.

La véritable nature protestante de Nostradamus

Peste, Faim, Feu, Foudre

Le quatrain mumeroté 6008, tiré des Almanachs et fort cryptique, peut être interprété comme une allusion voilée à la crise religieuse qui secouait alors la France.

   6008   ?
Peste, faim, feu & ardeur non cessée,
Foudre, grand gresle, temple du ciel frapé,
L'edict, arrest, & grieue loy cassée,
Chef inuenteur ses gens & luy hapé.
x 6008
Peste, famine, feu et ardeur incessante,
Foudre, grosse grêle, temple du ciel frappé,
L'édit, l'arrêt et la loi sévère cassée,
Le chef inventeur, ses gens et lui pris au piège.

L'"édit" mentionné serait l'Édit de Compiègne, et les événements décrits pourraient être vus comme une métaphore de la persécution religieuse que connaissait le pays. Le style de Nostradamus dans ce quatrain est particulièrement ésotérique, cachant peut-être sa véritable opinion sur la situation religieuse du moment, une opinion potentiellement dangereuse qui pourrait lui valoir les foudres de l'Inquisition.

Il est frappant de constater que les écrits prophétiques de Nostradamus ne font aucune mention de la Vierge Marie, alors que les références à Dieu et au Christ y sont légion. Cette omission notable pourrait révéler une discordance théologique majeure, voire une hérésie dans le contexte ecclésiastique de son temps. Étonnamment, les seules vierges évoquées dans les Centuries sont les Vestales de la Rome antique.

L'utilisation du terme "protestant devant Dieu" dans cette citation est particulièrement révélatrice.

   LH019   ?
Plaira à vostre plus qu'imperialle Maiesté me pardonner protestant deuant Dieu & ses saincts, que ie ne pretends de mettre rien quelconque par escrit en la presente epistre, qui soit contre la vraye foy Catholique, conferant les calcultions Astronomiques, iouxte mon sçauoir.
x LH019
Votre Majesté plus qu'impériale, veuillez me pardonner : je proteste devant Dieu et ses saints que je n'ai pas l'intention d'écrire quoi que ce soit dans cette lettre qui soit contraire à la véritable foi catholique, tout en parlant des calculs astronomiques selon ma connaissance.

À une époque où la simple remise en question des doctrines établies pouvait mener au bûcher, Nostradamus choisit des mots qui reflètent une dissidence spirituelle. Le choix du terme "protestant" n'est pas anodin, surtout dans le contexte tendu de la Réforme protestante.

La lettre à Henry II, qui a préfacé les Centuries en 1558, sert de preuve supplémentaire que Nostradamus était bien conscient du climat religieux électrique de son époque. Il y a de bonnes raisons de croire que Nostradamus était un dissident religieux, naviguant prudemment entre les écueils de l'orthodoxie et les flammes de l'hérésie.

Conclusion

En somme, Nostradamus apparaît comme un esprit complexe et multidimensionnel, tiraillé entre la fidélité à l'autorité papale et une quête personnelle de spiritualité plus authentique. Son "protestantisme" n'est probablement pas celui de Luther, mais s'apparente davantage à des formes plus anciennes de spiritualité comme le druidisme, la magie blanche, et les arts divinatoires — tous considérés comme hérétiques au XVIe siècle. Publiquement respectueux de l'Église, il suggère néanmoins un retour futur à une religion où l'astrologie et d'autres formes de divination auront une place prédominante, comme dans les temps anciens. Il évoque des temples mystérieux, des tombeaux énigmatiques, des cultes anciens, et même un grimoire de sorcellerie qu'il prétend avoir détruit. Cela ajoute une nouvelle couche de mystère à cet homme déjà insaisissable, tout en soulignant son rôle de dissident spirituel dans le contexte troublé des guerres de religion du XVIe siècle.



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